Éducation Musicale - Collège
Introduction : Voici 5 séquences pour vos cours d'Éducation Musicale. Elles s'adressent aux différents niveaux : 6ème, 5ème, 4ème, 3ème. Les thèmes étudiés sont : Musique et Écologie - Musique et Pouvoir - Musique et Génie - Musique et Ostinato - Musique et Mer.
Séquence en 4ème
Thème : Musique et Écologie
Question : Comment décrire la nature en musique, dans une version brute et élémentaire ?
Œuvre : Tapiola, du compositeur finlandais Jean Sibelius, évoque la demeure de Tapio, puissant Dieu des forêts dans la mythologie du Kalevala. Peu après la création le 26 décembre 1926, le chef d'orchestre Walter Damrosch écrivit ces mots à Sibelius : « Je considère Tapiola comme étant l'une des partitions les plus fascinantes de votre plume. La variété d'expressions que vous donnez au thème dans les divers épisodes, la structure musicale étroitement tissée, l'orchestration très originale, et, surtout, le langage figuré poétique du travail entier, sont vraiment merveilleux. Nous avons tous été fascinés... ».
L'extrait : La nature, ici totalement déshumanisée, est décrite dans ce qu'elle a de plus organique. Elle est le théâtre de l'affrontements des forces élémentaires, du simple bruissement aux plus puissantes bourrasques. Sa capacité à se désintégrer puis renaître est ainsi sa source de vie.
Commentaire : Terre froide, air glacial, présence menaçante de Tapio, autant de phénomènes assimilés par la matière musicale... Sibelius maîtrise à la perfection les effets instrumentaux, les couches orchestrales, la tension harmonique, les rencontres mélodiques dissonantes, les palpitations rythmiques et l'étrangeté des couleurs.
Tapiola : le poème symphonique exécuté en intégralité (17'45)
Séquence en 3ème
Thème : Musique et Pouvoir
Question : Comment contester un pouvoir totalitaire par une symphonie ?
Œuvre : La Symphonie nº5 de Chostakovitch fut écrite en 1937 en trois mois, et, dit-on, dans le plus grand secret.... Créée le 21 novembre de la même année par l'Orchestre Philharmonique de Leningrad, sous la direction d’Evgeni Mravinski, elle déclencha un enthousiasme unanime. Sous-titrée "réponse d'un artiste soviétique à la critique justifiée", elle fut perçue comme conforme aux règles esthétiques du Parti, marquant un retour en grâce du compositeur.
Réponse bien équivoque toutefois, car comme dit un proverbe russe : "Fais semblant d'embrasser, mais en réalité crache !"... En pleines purges staliniennes, Chostakovitch craignait d'être déporté au goulag. Il livra donc une partition trompeusement triomphante en son final, faussement insouciante dans son scherzo, et à coup sûr déchirante sur le reste...
L'extrait : Le 2ème mouvement présente une curieuse allure de marche grotesque, sautillante et railleuse, qui se transforme en valse légère à la russe. Plus loin, un magnifique solo de violon, presque primesautier. Aucune oreille sérieuse ne peut s'y méprendre : même ici, l'ironie et le tragique sont bien criants.
Percevez-vous le caractère ironique de la musique ? (durée 5'14)
Séquence en 4ème
Thème : Musique et Génie
Question : Comment entrer dans l'histoire, voire dans l'éternité, par un coup de génie ?
Le compositeur : Musicien autodidacte sans grand succès, ayant commencé par le métier de clerc dans un cabinet d'avocats, il se décrivait lui-même comme un "outsider". Le britannique Edward Elgar (1857 - 1934) ne figura pas, en effet, au Panthéon des compositeurs classiques... Mais un coup de génie allait malgré tout lui apporter une sacrée postérité. Et en hommage éternel, un astéroïde a été appelé 4818 Elgar...
Œuvre : Pomp and Circumstance fut le nom donné à une série de 5 marches pour orchestre, créées à Londres en 1901. Ce titre provenait de l'acte III d'Othello de Shakespeare : "Farewell the neighing steed, and the shrill trump, The spirit-stirring drum, the ear-piercing fife, The royal banner, and all quality, Pride, pomp, and circumstance of glorious war!"
L'extrait : Lorsqu'il eut le coup d'inspiration du thème lent de sa March n°1, Elgar confia à son amie : "J'ai une mélodie qui va frapper les esprits !".
Effectivement, joué depuis maintenant plus d'un siècle lors des remises de diplômes, ou pour des couronnements royaux, ou encore dans des films (Orange Mécanique, Fantasia, Forrest Gump), cet air est en plus considéré comme le 2ème hymne de l'Angleterre.
Une archive rare et exceptionnelle : c'est bien Elgar à la baguette (2'25)
Séquence en 5ème
Thème : Musique et Ostinato
Question : Comment représenter un folklore en musique ?
Œuvre : Daté de 1911 - période hongroise de Bartók -, cet Allegro Barbaro pour piano ne manqua pas de provoquer un sérieux scandale lors de sa présentation au public et à la critique. En moins de 3 minutes d'exécution, l’œuvre marqua une nouvelle étape dans l'histoire du piano moderne, traité ici comme un véritable instrument à percussion.
L'extrait musical : Âpre et sauvage, pour ne pas dire "barbare" puisque c'est le caractère que le compositeur lui signifia, la partition est parcourue d'un rythme primitif en ostinato martelé. Le caractère mélodique repose quant à lui sur celui de danses folkloriques, exprimées avec la plus ferme puissance.
Énergie, répétition, primitivité : une pièce intense (2'40)
Séquence en 6ème
Thème : Musique et Mer
Question : Comment peindre un tableau sonore de la mer en musique ?
Œuvre : Entreprise en 1903 par Debussy, la composition de La Mer - 3 esquisses symphoniques - fut achevée en 1905, lors de voyages à Jersey et Dieppe. Le compositeur, passionné par les estampes d’Extrême-Orient, souhaita en couverture de sa partition La Vague d'Hokusai, dont la gravure décorait son cabinet de travail. Le 19 janvier 1908, Debussy prit lui-même la baguette pour présenter La Mer... Et, aux dires du critique Luc Marvy : "L'événement déchaîna une ovation !". Reprenant en filigrane le cadre d'une symphonie, l’œuvre s'articule en trois mouvements.
Extrait sonore : D'avant le lever du soleil, avec une atmosphère mystérieuse et sombre, jusqu'à l'éblouissement de midi. Comme Debussy nous y invite, on se laisse baigner par le flux et reflux capricieux des vagues, et par leur miroitement sous la lumière changeante du jour...
De l'aube à midi sur la mer (9'18)