Éducation Musicale - Collège
Des œuvres de référence à écouter et analyser en classe, des films à visionner et à étudier, des thèmes de séquences musicales à explorer, des chants qualitatifs à intégrer dans vos projets musicaux... Voici les pistes pédagogiques auxquelles cette page vous invite afin de vous proposer des idées pour vos préparations.
> Comment peindre un tableau sonore de la mer en musique ?
Entreprise en 1903 par Debussy, la composition de La Mer - 3 esquisses symphoniques - fut achevée en 1905, lors de voyages à Jersey et Dieppe. Le compositeur, passionné par les estampes d’Extrême-Orient, souhaita en couverture de sa partition La Vague d'Hokusai, dont la gravure décorait son cabinet de travail. Le 19 janvier 1908, Debussy prit lui-même la baguette pour présenter La Mer... Et, aux dires du critique Luc Marvy : "L'événement déchaîna une ovation !". Reprenant en filigrane le cadre d'une symphonie, l’œuvre s'articule en trois mouvements.
De l'aube à midi sur la mer (9'18)
Extrait sonore : D'avant le lever du soleil, avec une atmosphère mystérieuse et sombre, jusqu'à l'éblouissement de midi. Comme Debussy nous y invite, on se laisse baigner par le flux et reflux capricieux des vagues, et par leur miroitement sous la lumière changeante du jour...
> Comment contester un pouvoir totalitaire par une symphonie ?
La Symphonie nº5 de Chostakovitch fut écrite en 1937 en trois mois, et, dit-on, dans le plus grand secret.... Créée le 21 novembre de la même année par l'Orchestre Philharmonique de Leningrad, sous la direction d’Evgeni Mravinski, elle déclencha un enthousiasme unanime. Sous-titrée "réponse d'un artiste soviétique à la critique justifiée", elle fut perçue comme conforme aux règles esthétiques du Parti, marquant un retour en grâce du compositeur. Réponse bien équivoque toutefois, car comme dit un proverbe russe : "Fais semblant d'embrasser, mais en réalité crache"! En pleines purges staliniennes, Chostakovitch craignait d'être déporté au goulag. Il livra donc une partition trompeusement triomphante en son final, faussement insouciante dans son scherzo, et à coup sûr déchirante sur le reste...
Entendez-vous cette ironie dans la musique ? (durée 5'14)
L'extrait : Le 2ème mouvement présente une curieuse allure de marche grotesque, sautillante et railleuse, qui se transforme en valse légère à la russe. Plus loin, un magnifique solo de violon, presque primesautier. Aucune oreille sérieuse ne peut s'y méprendre : même ici, l'ironie et le tragique sont bien criants.
> Comment entendre les forces brutes d'une nature élémentaire et déshumanisée ?
C'est ici une œuvre parfaite pour une séquence sur l'écologie. Tapiola, de Sibelius, évoque la demeure de Tapio, puissant Dieu des forêts dans la mythologie finlandaise du Kalevala. Peu après la création le 26 décembre 1926, le chef d'orchestre Walter Damrosch écrivit ces mots à Sibelius : « Je considère Tapiola comme étant l'une des partitions les plus fascinantes de votre plume. La variété d'expressions que vous donnez au thème dans les divers épisodes, la structure musicale étroitement tissée, l'orchestration très originale, et, surtout, le langage figuré poétique du travail entier, sont vraiment merveilleux. Nous avons tous été fascinés... ».
L'extrait : La nature vit ici dans ce qu'elle a de plus organique. Elle est le théâtre d'affrontements de forces élémentaires, du simple bruissement aux plus puissantes bourrasques. Sa capacité à se désintégrer puis renaître est sa source de vie.
Terre froide, air glacial, présence menaçante de Tapio, autant de phénomènes assimilés par la matière musicale... Sibelius maîtrise à la perfection les effets instrumentaux, les couches orchestrales, la tension harmonique, les rencontres mélodiques dissonantes, les palpitations rythmiques et l'étrangeté des couleurs.